A LUI…
Aurait-il eu les yeux de son père
Ou le sourire de sa mère ?
Aurait-il aimé se raconter des histoires tard dans la nuit
Ou cuisiner de délicieux biscuits ?
Sa minuscule vie a laissé dans nos cœurs
Bien des questions sans réponse,
Une marque indélébile en forme de larme.
Bien qu’il ne semble n’avoir été qu’une virgule dans nos existence,
Cette petite bulle de vie a vite pris dans nos cœurs
Une place bien plus grande que l’espace qu’il prenait caché en moi.
On compte souvent la durée d’une vie à partir du premier cri,
Lui, a compté avant même les premiers battements de son cœur
Nous l’avons caressé de nos rêves et de nos espérances,
Chéri chacun de ses jours, si courts furent-ils.
Dès ses premiers instants de vie, toi aussi tu étais là.
Tu l’avais rêvé bien plus que nous,
Tu savais déjà tout de lui,
Et combien sa vie serait courte.
Chacun de ses jours tu as compté, sans en oublier aucun,
Et ton regard sur lui débordait de tendresse
Sur nous aussi tu avais ton regard.
Tout doucement, sans qu’on ne le devine,
Tu préparais déjà nos cœurs à vivre ce si grand vide qu’il laisserait dans nos êtres.
Et quand dans tes mains tu recueillais sa vie éteinte,
Tes bras aimants nous entouraient d’une douce étreinte
Alors que tes larmes se mêlaient aux nôtres.
Car, avant même que nous ne devenions des pères et des mères endeuillés,
Tu étais le père qui pleura le fils crucifié,
Déchiré de son absence.
Et, à nous tous les pères et les mères invisibles,
À nous, tous ceux dont il manque une vie,
Tu ouvres les bras et tu chuchotes : « Je comprends »
Et tu nous promets :
« Après la mort vient la vie.
Dans la nuit profonde de l’hiver,
Le printemps est déjà en germe.
Le deuil laissera place à la joie,
La danse reviendra dans vos maisons.
La vie à votre tour vous transmettrez car ma vie en vous n’est pas tarie,
Elle sera toujours plus forte que la mort qui semble triompher.
Et dans les déserts les plus arides,
Vos pas sauront faire jaillir la vie,
Celle que je vous ai offerte en abondance, sans restriction, sans condition,
Et vos cœurs s’agrandiront toujours plus
Pour aimer encore et encore comme je le fais »
Blandine