La grâce de Dieu sur la vie de Raymonde Bernard
En Octobre 1968 , à Martigues , au cœur de la Venise provençale . Raymonde Bernard , alors âgée de 12 ans , participe à une réunion d’évangélisation dans une petite église évangélique – un lieu de culte sobre , d’une quarantaine de places , habillé d’une simple croix et d’un verset biblique sur le côté . Raymonde est assise au premier rang , face à l’estrade .
Le pasteur se met à parler du chemin de croix de Jésus . « Pour moi ,ça a tout déclenché . Cela a révélé le sens du chemin de croix que je voyais dans la chapelle de mon école , témoigne aujourd’hui la jeune retraitée de 67 ans . J’ai compris que ce Dieu puissant était devenu en Jésus-Christ une personne qui me comprenait . Ce jour-là , Dieu est devenu mon Dieu , à qui je pouvais m’adresser personnellement .
« Les chants de louange et la Parole de Dieu ont touché mon cœur .
Cette première rencontre m’a remplie d’une paix indescriptible qui ne m’a jamais quittée depuis »
Je me suis convertie et ma vie a complètement changé . » Elle poursuit dans le même élan de foi : « Les chants de louange et la Parole de Dieu ont touché mon cœur . Cette première rencontre m’a remplie d’une paix
indescriptible qui ne m’a jamais quittée depuis . » Comme la fille de Jaïrus dans les Évangiles , elle se réveille alors de son sommeil et commence une vie nouvelle .
Née en 1956 , Raymonde Bernard grandit d’abord à Miramas, dans les Bouches-du-Rhône . Elle appartient à une famille catholique , pratiquante du côté de sa mère . À 7 ans , elle devient pensionnaire à la Présentation de Marie , une institution alors tenue par des sœurs catholiques , à Salon-de-Provence . « J’étais un peu turbulente , un vrai garçon manqué , ajoute-t-elle pour expliquer ce choix . J’y ai reçu un enseignement religieux , accompagné de toutes les pratiques , confession , cendres , chapelet… Tout cela m’a plu . Je savais que Dieu existait . Je n’avais pas l’habitude de prier les saints mais je respectais Marie . » En 1966 , sa mère déménage à Istres , au bord de l’étang de Berre . Divorcée , elle ne va plus à la messe où elle ne peut plus communier . Raymonde y va donc toute seule , elle connaît par cœur le missel .
Deux ans plus tard , la rencontre d’une boulangère istréenne va être décisive . « C’est elle qui a parlé à ma maman de Christ , de la Bible et de la petite église évangélique de Martigues » , se souvient-elle .
En novembre 1970 , à l’âge de 14 ans , Raymonde reçoit le baptême dans cette église , l’Assemblée de Dieu de Martigues . « Bien que baptisée bébé par tradition , j’ai pris la décision de me faire baptiser par conviction et obéissance à l’âge adulte » , souligne-t-elle .
En 1972 , commençant des études de secrétariat et de comptabilité à Martigues , elle s’implique encore un peu plus dans son église .
Elle participe à la chorale et rencontre son futur mari au sein de la communauté . « Nous sommes mariés depuis 48 ans. Nos trois enfants ne nous ont jamais empêchés de servir le Seigneur, ils nous ont toujours suivis, témoigne Raymonde Bernard . Ils se sont convertis et sont dans le service. C’est une grâce. Nous avons un fils et un gendre pasteurs. »
Installé à Istres , le ménage contribue à la création d’une nouvelle Assemblée de Dieu dans leur ville . C’est dans le local inauguré en 1995 que Raymonde accompagne les cantiques au piano , encore aujourd’hui .
Création d’Événementi’Elles
Sa mission dépasse maintenant largement le cadre de sa Provence natale . Elle s’est élargie au service de toutes les femmes chrétiennes , en France et même au-delà . Tout commence en 2006 .Raymonde Bernard aide alors Stéphanie Reader , une prédicatrice québécoise , à organiser en France une rencontre de 700 femmes .« Auparavant , je n’avais travaillé qu’avec des hommes , dans le bâtiment et les assurances et la finance , raconte-t-elle . Cette nouvelle expérience m’a permis de comprendre le besoin et la souffrance des femmes . Certaines vivent ou ont vécu des choses dures : inceste , divorce , perte précoce d’un père ou d’une mère ou encore difficultés dans le mariage… J’ai pris conscience de la violence que subissaient les femmes , physiquement ou psychologiquement. »
Trois ans plus tard , une nuit , une idée lui vient dans la prière . « Pourquoi ne pas organiser un week-end pour femmes ? Pour qu’elles posent leurs valises , pensent à elles et se retrouvent avec d’autres femmes qui ont les mêmes soucis . Tous ses problèmes , on ne les dit pas facilement à un homme . »
Cette vision se concrétise en 2009 . Raymonde Bernard organise une rencontre de 60 femmes dans les Alpes, avec Stéphanie Reader et la chanteuse Nawale pour la louange. En 2012 , elle donne un cadre à ces rencontres en créant Événementi’Elles , une association qu’elle préside toujours . Chaque année, les femmes sont plus nombreuses à se réunir. En 2018, à Clermont-Ferrand, elles sont 1 460 ! Après une annulation en 2020 et un événement en ligne en 2021, la conférence Entr’Elles est de retour en présentiel en octobre 2022 avec 1850 femmes. Un nouveau grand rassemblement a eu lieu à Clermont-Ferrand les 5 et 6 octobre 2024 et a réuni plus de 2 000 femmes . « Le projet de Dieu , c’est que les femmes se sentent aimées » , conclut Raymonde Bernard , qui espère à terme réunir 5 000 chrétiennes .
LUC PERIN. Tiré du magazine Réforme.